Je ne quitte pas Dieu. Je quitte leur mensonge sacré

Hier soir, j’ai eu une conversation empreinte de respect et de fraternité avec mon ami, mon frère, Pierre Richard Louis Jean. Ce dialogue s’est tissé autour de mon manifeste de rupture avec l’Église et la religion. Dès les premières minutes, il était clair que malgré la distance, Pierre Richard et moi avons conservé cette estime réciproque qui nous unissait déjà du temps où nous œuvrions ensemble dans l’Église du Nazaréen de Léogâne, en soldats du bon combat.

Pierre Richard, inquiet, redoutait que je sois tombé dans l’athéisme. Je comprends ses craintes. Mais ce n’est pas lui qui devrait s’en alarmer. Non, les seuls à trembler de ma décision mûrement réfléchie de tourner le dos à l’Église-institution devraient être les marchands de prières, les trafiquants de miracles, ces pasteurs mafieux et médiocres, et, dans une moindre mesure, certains prêtres englués dans le même système. Tous font partie de cette grande machine froide, hypocrite, destructrice, qu’on continue d’appeler l’Église.

Mon compatriote a profité de l’échange pour me transmettre quelques nouvelles de la congrégation nazaréenne de Léogâne, dont j’ai été, me l’a-t-il rappelé, l’un des fondateurs. L’église s’apprête à fêter dans deux semaines son quarantième anniversaire. Dans cette optique, le comité aurait envisagé, selon sa suggestion, de solliciter d’anciens membres vivant dans la diaspora, dont moi, leur soutien.

Mais il a aussi confessé, sans fard, qu’un problème de clan minait aujourd’hui la congrégation. Cela ne m’a guère surpris. Pourquoi former des clans, si le but est réellement de servir Dieu ? La réponse crève les yeux : ils ne servent que leur ego. L’Église, pour eux, n’est qu’une scène. Une vitrine. Un lieu d’exhibition sociale où l’on vient se faire voir, juger les autres, mépriser ceux qui ne partagent ni leur statut, ni leur éducation.

Et ce sont ces mêmes individus qui me critiqueront pour avoir rompu avec l’Église et la religion au lieu de poser des questions. Je ne parle pas seulement de la congrégation nazaréenne. C’est tout un système.

J’ai dit à Pierre Richard, sans détour : aucune Église ne recevra mon appui tant qu’elle ne se distingue pas clairement par des actions concrètes en faveur des plus vulnérables. Il faudrait qu’elle investisse dans des écoles pédagogiques, techniques, professionnelles. Qu’elle crée des espaces où les jeunes sont inspirés, encadrés, élevés. Trop souvent, les dons servent à envoyer les enfants des pasteurs faire leurs études à l’étranger pendant que les fidèles les plus pauvres peinent à offrir un repas à leurs enfants.

C’est de tout cela que je suis las.

Rulio Oscar

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