L’homme tremble devant trois portes, et pourtant ce sont elles qui mènent à sa vérité.
La première est la plus perfide : la peur du changement. Quitter le rivage familier pour s’aventurer sur des eaux inconnues lui glace le sang. Il préfère l’enfer qu’il connaît à l’inconnu qui pourrait le libérer. Cette peur prend racine jusque dans sa foi : il accepte tout ce qui est écrit dans la Bible, bon ou mauvais, vrai ou faux, comme si douter était un crime contre Dieu. Il préfère rester prisonnier des mots sacrés plutôt que de risquer de voir tomber les murs de ses certitudes.
La seconde est l’ombre qui ronge ses rêves : la peur de souffrir et de perdre. Derrière chaque éclat de bonheur, il guette la morsure de la douleur. Derrière chaque étreinte, il soupçonne déjà l’absence. Cette peur tisse des chaînes invisibles autour de son cœur et lui fait fuir l’amour comme on fuit un piège. Elle l’empêche d’oser vivre pleinement, car il redoute que toute joie finisse en désastre.
La troisième est un supplice silencieux : la peur d’être rejeté. Être oublié, effacé, mis à l’écart. Mais ici, le rejet porte un masque sacré : c’est la crainte d’être jugé par ses proches ou par sa congrégation s’il ose questionner les Écritures. Les murmures, les regards lourds, l’exclusion… tout cela le pousse à taire ses doutes. Il se conforme, joue le rôle du fidèle parfait, même si son âme brûle d’interroger la vérité.
Et ainsi l’homme survit, mais ne vit pas.
Ces peurs ne sont pas des murs infranchissables. Elles sont des épreuves dressées pour qu’il se dépasse, qu’il ose enfin vivre nu, libre et vrai.
